Si la France arrive quatrième pour le classement du prix moyen global de l’eau devant la Belgique, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne, il n’en demeure pas moins que sur le territoire national, la facture d’eau peut considérablement varier. Elle varie en effet de 3 à plus de 10 euros par m3. Pourquoi observe-t-on une telle disparité sur un même territoire ? Comment se calcule alors le prix de l’eau et qui s’occupe de sa gestion ? Dossier eau en France : nous nous intéressons au sujet.
L’eau est une ressource naturelle
Au prime abord, l’eau est une ressource naturelle. Elle fait partie de la multitude de dons que dame nature a offerte à l’homme. Par conséquent, elle devrait être gratuite. Comment alors comprendre qu’il existe une facture d’eau que l’on paie mensuellement ? Eh bien, tout s’explique par la qualité de l’eau à l’état naturel qui laisse à désirer. Il est alors souvent commode de la traiter avant sa consommation. On parle alors d’eau potable pour désigner une eau propice à la consommation. C’est cet ensemble de traitements que subit l’eau qui est finalement facturé par la mairie et qui constitue la facture d’eau dont le montant est déterminé au prorata de votre utilisation. Pour bien comprendre ce système, il est nécessaire de connaître le cycle de l’eau. Il se décrit comme suit :
- prélèvement, captage (eaux souterraines, eaux pluviales…) ;
- traitement, production d’eau potable ;
- stockage ;
- acheminement, distribution vers les milieux urbains, ruraux… ;
- collecte des eaux usées (industries, domiciles…) ;
- traitement des eaux usées (réseau d’assainissement) ;
- retour au milieu naturel.
Voilà donc l’ensemble des services effectués par votre commune et qui est facturé. Par ailleurs, l’entretien de l’ensemble des infrastructures (production et assainissement), la rénovation de celles défectueuses et la mise en place de nouvelles infrastructures (usine d’épuration, station de pompage, agrandissement du réseau…) possèdent aussi un coût. Ainsi, le montant de la facture d’eau est généralement affecté :
- des opérations qui permettent de vous apporter de l’eau potable ;
- de la collecte et du traitement des eaux usées ;
- des taxes (TVA) et redevances destinées aux organismes publics ou parapublics. Ces redevances prennent en compte les redevances pollution et prélèvements des Agences de l’eau, la redevance versée au « Fonds national des adductions d’eau » et la redevance versée aux « Voies navigables de France ».
Qui fixe le prix de l’eau ?
La diversité des prix d’eau dans les diverses communes françaises est principalement liée au fait que chaque commune pratique ses propres prix tout en observant des normes prédéfinies au plan national.
Détermination du prix de l’eau
Le prix de l’eau est fixé suivant deux principes :
- « L’eau paie l’eau » : le budget des communes pour les services de l’eau et de l’assainissement devant être autonome, les recettes équilibrent les dépenses. Cela traduit que les usagers supportent l’essentiel des dépenses liées à la gestion de l’eau qu’ils consomment par la paie de leurs factures ;
- « Le pollueur ou le consommateur paie », essentiellement via les redevances pollution ou prélèvements qu’il verse aux Agences de l’eau par le biais de la commune.
Le prix fixé par chaque commune pour les services d’apport en eau potable et d’assainissement est établi à l’issue d’une délibération du conseil municipal. Ce tarif comprend une partie fixe liée aux infrastructures mises en place et services apportés, et une partie variable liée à votre consommation effective d’eau. De plus, le contexte géographique entre en compte dans la détermination du prix. Les bassins de prélèvement n’étant pas toujours à proximité des lieux desservis, l’acheminement de l’eau induit un coût non négligeable. D’un autre côté, la qualité de l’eau brute nécessite parfois des traitements additionnels (fonction du milieu de prélèvement), puis un stockage. Tout ceci a un coût qui entre en compte dans l’établissement de la partie fixe. « Contrairement à d’autres utilités telles que l’électricité, l’eau est un produit hyper local, qui est fonction de la qualité de la ressource, du traitement, des réseaux, de la densité de population… Que ce soit sur le prix ou la qualité d’un service, les indicateurs sont vraiment locaux. » a dit Frédéric Van Heems, Directeur Général de Veolia Eau France.
Et quand des structures privées s’en mêlent…
Le travail de longue haleine que représente l’exploitation de l’eau devait être en principe à la charge de la commune. Néanmoins, certaines d’entre ces dernières préfèrent le déléguer à des structures privées selon l’une ou l’autre des modalités suivantes :
- la première consiste en un contrat d’une durée fixée avec le prestataire qui a à sa charge tout le cycle d’approvisionnement et d’assainissement de l’eau ;
- la seconde option délègue au prestataire la gestion du circuit mis en place pour pallier un manque d’expertise ou de personnel ou pour toutes autres raisons jugées suffisantes par la commune.
Toutefois, dans l’un ou l’autre de ces cas, le prestataire qui possède une structure à but lucratif cherchera à réaliser des bénéfices : une raison supplémentaire de variation du prix. Cependant, il existe des communes qui optent pour une coopération intercommunale afin d’amortir les coûts, de bénéficier des services ou infrastructures déjà disponibles chez d’autres, ou tout simplement par souci de commodité.
L’eau en bouteille, une meilleure option ?
Malheureusement (ou heureusement), la réponse à cette question est non. La seule option pour se passer de « l’eau du robinet » est bien « l’eau en bouteille ». Mais, le fossé entre les deux prix est énorme. « Le distributeur privé Veolia confirme. Selon lui, le prix moyen du litre d’eau en France est de 0,30 centime d’euro, soit 3 euros le m³. L’eau du robinet coûte ainsi 200 à 300 fois moins cher que l’eau en bouteille, puisqu’un pack de six bouteilles de 1,5 litre est généralement vendu entre 3 et 3,50 euros en grande surface ». De plus, il ne faut pas oublier que l’eau est destinée à bon nombre d’usages. Nous n’avons pas abordé les tâches ménagères (la vaisselle, la lessive, le nettoyage des véhicules, des douches et autres pièces), la cuisine, l’hygiène corporelle, voire le gaspillage des enfants. Il est donc évident que l’eau en bouteille n’est pas une option à choisir contre l’eau du robinet. Cela coûterait excessivement cher.
Quelques conseils pour amoindrir vos factures d’eau
Il est important de toujours surveiller sa facture d’eau afin de détecter toute anomalie à temps. Une petite astuce pour vérifier le bon fonctionnement de votre compteur est de remplir une bouteille d’eau et de vérifier que le compteur affiche le volume de la bouteille. Y a-t-il irrégularité ? Vous pouvez contester votre facture et demander un plafonnement au double de votre consommation habituelle selon le cas. Les irrégularités sont souvent dues à :
- une fuite d’eau (robinet ou chasse d’eau fuyant, canalisation défectueuse…) ;
- un relevé erroné ;
- un problème de télétransmission (pour les compteurs difficiles d’accès) ;
- une défaillance du compteur.
Dans de pareilles circonstances, vous pourrez demander aux fournisseurs un second relevé ou une vérification du bon fonctionnement du compteur. Ces services vous seront facturés, mais remboursés si les faits avérés. Vous pouvez aussi avec quelques suppositions estimer votre consommation en eau et donc votre facture. Les principaux critères à prendre en compte sont alors :
- le type d’habitat au sein duquel vous vivez ou débitez l’eau (location, résidence, jardin…),
- le nombre de personnes que comporte votre habitat (famille moyenne, célibataire…), et
- la fréquence d’utilisation des équipements domestiques qui emploient l’eau (baignoires, machine à laver, lave-vaisselle, toilettes…).